Qu’est-ce qu’un bon sujet de reportage aujourd’hui ?

Un journaliste sur le terrain

La frontière floue entre enquête et storytelling…

D’abord un rappel : le reportage comme la racine du mot l’indique, consiste à rapporter des éléments d’informations d’une situation donnée.

Par exemple, TF1 décide d’envoyer une équipe de reportage à la frontière ukrainienne. Celle-ci sera chargée de rapporter des « éléments vus », des témoignages de citoyens victimes de la guerre, de responsables ou de militaires et bien sûr de filmer ce dont le caméraman aura été témoin. Ensuite l’équipe réalisera un montage, une sélection des éléments vus en essayant de respecter au mieux la situation qu’ils veulent décrire.

A l’inverse, ce qui ne constitue pas un vrai reportage, c’est le même exercice réalisé par celui qui est tranquillement installé dans son fauteuil dans un immeuble de la Banlieue parisienne, qui travaille pour un grand groupe de presse et qui va rédiger un article sur la situation à la frontière en Ukraine en allant récupérer des informations de l’AFP et des confères français ou étrangers voir de journalistes indépendants. C’est ce que l’on appelle du « Desk » Oui un travail de bureau… qui peut-être bien fait mais n’a pas la même force, la même puissance et surtout pas la même valeur qu’un reportage réalisé dans des conditions difficiles mais surtout changeantes, évolutives. Lorsque l’on couvre un terrain de guerre, la situation peut changer de jour en jour.

La force du terrain face aux limites du desk

Il fut une époque ou aucun reportage n’était réalisée depuis Paris. En 2003, les journalistes qui couvraient la chute du régime de Saddam Hussein en Irak se souviennent qu’ils avaient la parole en priorité et que personne ne venait contredire ce qu’ils voyaient c’est la force du reportage. Pour France Télévisions jacques cardoze avait été envoyé sur place pour le magazine Envoyé Spécial. Mais c’est pour le journal de 20 h qu’il réalise le scoop de pénétrer pour la première fois dans la prison d’Abou Ghraib. Une prison qui avait servi de lieu de torture durant les années de la dictature de Saddam Hussein. La force d’un tel reportage c’est qu’il est unique. C’est pour cela qu’il avait fait l’ouverture du journal de 20h le soir même et avait été d’une longueur inhabituelle. Les journalistes restés à Paris ne pouvaient témoigner puisqu’ils ne sont pas sur place. Ce sont les limites du desk.

Les défis du reportage à l’ère des réseaux sociaux

Vingt ans ont passé. Et l’avènement des réseaux sociaux a tout changé. Qu’est devenu le reportage aujourd’hui ? Si la guerre avait lieue aujourd’hui avec les réseaux sociaux. Peut-êter que les images tournéezs par l’équipe de Cardoze ne seraient pas excusives. Mais la force du reportage resteirat la même et c’est pour cela qu’il faut absolument le préserver.

Un bon sujet de reportage aujourd’hui se distingue par sa capacité à capter l’attention du public tout en apportant une réelle valeur ajoutée à l’information. Il doit traiter d’un enjeu actuel, social ou politique, et offrir une perspective originale ou inédite. De plus, l’équilibre entre l’enquête factuelle et la narration immersive est devenu essentiel : le journaliste doit non seulement révéler des faits, mais aussi raconter une histoire qui résonne émotionnellement avec le lecteur.

Les patrons de presse sont bien plus intéressés par le talk en plateau que par le reportage. C’est dommage car rien ne peut égaler un reportage. Lorsqu’il est réussi, il parvient à conjuguer rigueur journalistique et techniques narratives, mêlant analyse, témoignages et immersion pour offrir une expérience complète et engageante.

Il est le seul à pouvoir se distinguer parmi le flot d’images et d’informations dont on dispose…

Pour le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur, la frontière est aujourd’hui difficile à percevoir. Ce sont aux médias de faire l’effort et de prendre le téléspectateur par la main en faisant preuve de pédagogie.

Related posts

Leave a Comment